Avec plus de 20 ans de carrière, Vincent Deniard s’est imposé comme un comédien polyvalent, capable de naviguer entre rôles au cinéma, séries télévisées et pièces de théâtre. De ses débuts marqués par la comédie musicale West Side Story au collège, jusqu’à ses projets actuels comme César Wagner, La Disparue de Compostelle ou les tournées de Normal et La Veuve Rusée, il partage avec nous son regard sur le métier, les rencontres qui l’ont marqué et les univers qu’il rêve encore d’explorer.
Dans cette interview, Vincent Deniard revient sur les choix qui ont façonné sa carrière, ses rôles les plus marquants et sa vision de l’évolution du cinéma et des séries aujourd’hui.

Vincent, revenons au début : qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir comédien ?
Pour moi, c’est une expérience vraiment très marquante. Quand j’étais au collège, en quatrième, j’avais douze ans, et c’est ma prof de musique qui m’a proposé de jouer dans la comédie musicale qu’elle mettait en scène pour la fête de fin d’année du collège : West Side Story. Elle m’a proposé le rôle de Tony.
Il y avait des passages chantés, des passages joués… et presque du jour au lendemain, j’ai su : « C’est ça que je veux faire ! » J’en ai parlé à mes parents, évidemment, qui ne me croyaient pas et pensaient que ça passerait au bout de trois semaines. Mais voilà, c’était en 1992.

En regardant votre parcours, on voit que vous alternez entre cinéma, télévision et théâtre. C’est un choix réfléchi ou une envie de ne pas vous enfermer dans un seul univers ?
C’est avant tout une grande chance de pouvoir faire les deux : être sur scène et tourner, que ce soit pour la télévision ou le cinéma. Pour moi, c’est complémentaire. J’aime beaucoup alterner entre le théâtre et le tournage. Ce sont deux facettes de mon métier que j’adore, et je ne pourrais pas me passer de l’une ou de l’autre.
Vous avez tourné dans des films marquants comme La Nuée ou Mystère. Qu’est-ce qui vous attire avant tout dans un scénario ou un rôle ?
Cela peut être le scénario, le rôle, ou parfois les deux. Dans La Nuée, par exemple, mon rôle est assez court, mais marquant, car c’est un film de genre spectaculaire. Mais ce qui me motive le plus, ce sont souvent les rencontres avec les réalisateurs ou réalisatrices. Pour La Nuée, c’était avec Just Philippot. Je suis très attaché aux rencontres humaines et à l’envie de travailler avec des gens avec qui on se sent bien.
Parmi vos nombreux tournages, quel a été le plus marquant ou le plus difficile pour vous ?
Le tournage le plus marquant pour moi a été Qu’est-ce qu’on va faire de Jacques ?, réalisé pour Arte par Marie Garel-Weiss. Malheureusement, elle nous a quittés cette année, trop tôt. Travailler avec elle a été un vrai bonheur. Quant au rôle de Jacques, un schizophrène posant des problèmes à sa famille, il m’a demandé beaucoup de préparation. J’ai eu la chance de recevoir le prix d’interprétation au festival de La Rochelle pour ce rôle. C’est vraiment un tournage qui m’a marqué, tant par l’intensité du travail que par les partenaires et la réalisatrice.

Vous êtes à l’affiche de la série César Wagner, et vous venez de participer à des projets comme L’Art du crime et Sur la dalle. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, j’ai eu la chance de tourner plusieurs projets.
Pour César Wagner, c’était une immersion dans l’univers de l’armée. J’ai déjà joué des personnages militaires, mais celui-ci était particulier. Je ne peux pas en dire trop, mais j’ai adoré travailler avec Gil Alma, Nadia Roz et Olivia Cote. Arriver comme guest sur un épisode est toujours un plaisir : les acteurs principaux sont accueillants et ça me permet de jouer des rôles différents.
Mon personnage est militaire, un peu louche, et c’était très amusant à interpréter.

Et dans La Disparue de Saint-Jacques de Compostelle, réalisé par Floriane Crépin, comment avez-vous abordé ce rôle et qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet ?
Floriane Crépin et moi avions déjà travaillé ensemble sur L’Art du crime, et j’avais adoré cette rencontre. Dans ce film, j’incarne un gendarme sérieux et pragmatique, attaché à bien faire son travail et à mener l’enquête à terme.
Il y a aussi un aspect amusant : mon personnage est secrètement amoureux d’Olivia Cote dans la série, mais c’est compliqué… Bref, c’est un rôle qui met du cœur à l’ouvrage, et j’espère continuer à travailler avec Floriane sur d’autres projets.

Côté théâtre, on vous retrouve dans La Veuve Rusée et Normal. Qu’est-ce que la scène vous apporte que l’écran ne peut pas offrir ?
C’est la possibilité de jouer sans interruption pendant une à deux heures, sans filet. C’est un autre rapport au temps, une autre ivresse. J’apprécie aussi les répétitions, qui permettent de chercher et d’expérimenter davantage qu’un tournage. Et puis il y a le contact direct avec le public : entendre les rires, les réactions, c’est formidable.
Ces deux pièces sont très différentes. Normal est contemporaine, sensible et aborde la transidentité. Je joue un pasteur conservateur qui perturbe un peu l’histoire. La Veuve Rusée est joyeuse et humoristique, avec une troupe formidable. J’ai hâte de partir en tournée avec ces spectacles.
Vous avez travaillé avec des réalisateurs prestigieux, de Sophie Marceau à Just Philippot, en passant par Josée Dayan. Y a-t-il une rencontre qui vous a particulièrement marqué ?
J’ai adoré travailler avec Floriane Crépin, Marie Garel-Weiss… Mais je citerais aussi Rodolphe Tissot, devenu un ami. J’ai tourné plusieurs fois avec lui, notamment dans le téléfilm Clèves pour Arte. J’adore ses choix de projets et sa façon très sensible de diriger les acteurs.
Vous explorez des univers très différents : thriller, comédie, fantastique… Y a-t-il encore un genre ou un rôle que vous rêvez d’interpréter ?
J’aime me laisser surprendre. Même si j’ai fait beaucoup de choses sombres récemment, j’adore la comédie. J’aimerais aussi tourner dans un film d’époque, comme j’avais adoré le faire dans la série Germinal, ou même un western. Je veux découvrir différents univers.
Quand vous choisissez un projet, qu’est-ce qui compte le plus : le scénario, le réalisateur, le rôle ou l’ensemble ?
C’est l’ensemble, mais souvent tout part du scénario. Si l’histoire est bonne, j’ai envie d’en faire partie, même si mon rôle n’est pas présent tout le long. L’histoire reste toujours la base.
Avec plus de 20 ans de carrière, quel regard portez-vous sur l’évolution du cinéma et des séries aujourd’hui ?
Je suis plutôt optimiste. Avec la multiplication des supports et l’arrivée des plateformes, les projets osent de plus en plus. Il y en a pour tous les goûts, et je suis heureux de travailler dans cette époque riche, pleine de changements sociaux et environnementaux. Beaucoup d’histoires méritent d’être racontées.
Si vous deviez décrire votre parcours en trois mots, lesquels choisiriez-vous ?
Passion, persévérance et folie.
Enfin, quels sont vos projets ?
Les prochains mois seront principalement consacrés au théâtre : la tournée de Normal, puis celle de La Veuve Rusée. J’espère aussi tourner pour l’image, mais rien n’est encore certain.
Propos recueillis par Stéphanie
Photo : Aurore Baldy
