Odile Blanchet : « Le rythme est impressionnant, mais tellement stimulant !»

Avec son énergie communicative et sa passion pour les rôles complexes, Odile Blanchet a récemment intégré Plus belle la vie, encore plus belle. L’actrice, déjà remarquée au théâtre avec sa pièce La ligne rose, continue de tracer un chemin singulier entre télévision et création. Rencontre avec une comédienne qui aime autant la profondeur que l’humour, et qui n’a pas peur d’explorer les zones d’ombre de ses personnages…

Tu viens d’intégrer Plus belle la vie, encore plus belle. Comment s’est passée ton arrivée dans cette série emblématique ?

Très, très bien ! J’ai été extrêmement bien accueillie. Les équipes sont nombreuses, on ressent une véritable ambiance de grande famille. On s’y sent bien, épaulés, accompagnés. Il y a même un coach pour les comédiens. Franchement, tout le monde est adorable, c’est une très bonne ambiance.

Qu’est-ce qui t’a le plus impressionnée en arrivant sur un tournage de série quotidienne ?

Le rythme ! C’est soutenu, parce qu’il faut tourner énormément d’images dans une journée. Du coup, il faut être efficace, concentré, et savoir où se placer tout de suite. C’est une vraie fourmilière, ça bouge sans arrêt. Heureusement, j’avais déjà un peu d’expérience grâce à des publicités, donc je connaissais les plateaux. Mais oui, le rythme reste impressionnant.

Et comment fais-tu pour gérer cette intensité ?

J’ai ma petite technique : entre les plans, je ferme les yeux et je reste dans une sorte de bulle. Ça me permet de rester connectée à mon énergie et de me remettre en condition à chaque fois. Je me rappelle d’où vient mon personnage, où il va, ce qu’il doit récupérer comme information. Ça m’aide à rester concentrée.

Est-ce que jouer pour la télévision demande une approche différente que pour le théâtre ou le cinéma ?

Dans le travail de fond, non. Je prépare mon personnage avec les mêmes techniques, la même rigueur. Mais sur un tournage télé, comme les scènes ne sont pas filmées dans l’ordre chronologique mais selon les décors, il faut vraiment être concentré. Il faut toujours savoir à quel moment précis de son arc se trouve le personnage. Au théâtre, la chronologie suit le temps réel, ici pas du tout.

Si tu pouvais incarner un personnage récurrent dans une grande série, quel rôle aimerais-tu explorer ?

J’avoue que j’aime beaucoup celui que je joue en ce moment : Géraldine Villeneuve. C’est une «méchante», un personnage machiavélique, et j’adore ça ! J’aime les rôles sombres, complexes, mais écrits de manière à ce qu’on garde malgré tout une forme d’empathie pour eux. Jouer une méchante, c’est vraiment amusant.

As-tu fait des rencontres marquantes sur le tournage ?

Oui, j’ai beaucoup de chance avec mes partenaires. Je tourne avec Valentine Goujon, qui joue Chloé, avec Milan Filloque, qui interprète mon mari, et avec Martin Lamotte. Travailler avec eux est très enrichissant, et humainement, ce sont des personnes formidables.

Tu as beaucoup joué La ligne rose, notamment au Festival d’Avignon. Qu’est-ce que cette pièce représente pour toi ?

C’est l’aboutissement d’une envie personnelle : écrire et jouer des rôles féminins qui me plaisent vraiment. Souvent, dans les pièces classiques, les personnages féminins sont des faire-valoir pour les hommes. Avec mes co-autrices, on voulait changer ça : créer des personnages féminins forts, drôles, un peu fous, avec une touche féministe, mais sans lourdeur revendicative.

Le but, c’est de remettre les femmes au centre de la scène et donner aussi à de jeunes comédiennes des rôles dans lesquels elles puissent s’amuser.

Comment arrives-tu à garder la fraîcheur d’un rôle après des dizaines de représentations ?

Je considère qu’une pièce a des couleurs, des nuances. Même si je connais la scène et son émotion de base, je m’amuse à varier les intonations, les intentions. Ça permet de redécouvrir sans cesse la scène. Et puis il y a l’écoute du partenaire : on s’adapte, et c’est ce qui rend chaque représentation unique. Honnêtement, je pensais me lasser au bout d’un mois… et cinq ans après, je m’amuse toujours autant !

Le Festival d’Avignon Off, c’est une pression ou une excitation ?

Les deux ! C’est une pression parce qu’il faut remplir la salle tous les jours, assurer le tractage, performer sans relâche. Mais c’est aussi une énorme excitation : on a une chance folle en France d’avoir ce festival. Les spectateurs sont de vrais passionnés, et entre comédiens il y a une solidarité incroyable. C’est une sorte de machine à laver, mais dans le bon sens !

As-tu un souvenir drôle ou imprévu en pleine représentation ?

Oh, il y en a plein ! Un jour, au Théâtre Lepic, je suis tombée dans un petit escalier, et on est parties dans un fou rire. Une autre fois, en jouant Château en Suède, j’ai eu un bug : en voyant ma partenaire en costume, mon cerveau m’a dit qu’on n’était pas dans la bonne pièce ! On a eu un fou rire interminable. C’était génial de partager ce moment avec le public.

Quel rôle rêverais-tu de jouer ?

Je n’ai pas un rôle précis en tête… Je préfère écrire mes propres rôles avec mes co-autrices, Bérénice et Sana. On aime créer nos univers. Après, il y a des metteurs en scène que j’admire, comme Michalik ou Arnaud Denis, avec qui j’aimerais beaucoup travailler.

Tu as obtenu un prix d’interprétation pour le court-métrage Aquarium. Qu’est-ce que ce rôle a changé pour toi ?

Pour l’instant, je ne sais pas encore ce qu’il va changer, mais j’ai adoré l’expérience. Jouer aux côtés d’Anaïs Parello et Clara Cantos a été un vrai bonheur, et être dirigée par Anaïs et Aurélien aussi. Anaïs est en pleine ascension, je suis très fière d’avoir travaillé avec elle.

Quels sont tes projets à venir ?

Avec Bérénice et Sana, nous écrivons la suite de La ligne rose : nos héroïnes partent en Amérique au moment du krach boursier. On prépare aussi l’adaptation en film, et on cherche des producteurs.
En parallèle, Château en Suède reprendra en décembre au Poche Montparnasse. Et puis, nous travaillons sur une série humoristique autour d’une élection municipale dans un petit village. On a déjà tourné le pilote et on espère le proposer à des productions, sinon on l’autoproduira. Bref, beaucoup de projets enthousiasmants !

Propos recueillis par Stéphanie

Photos : Alice Murillo et Guy Carlier