Michèle Jacob et Ben Dessy : « Arcanes est avant tout une enquête intime ! »

Avec Arcanes, la réalisatrice Michèle Jacob et le scénariste Ben Dessy signent une série où l’intime se mêle au policier, et où les fractures sociales des années 90 servent de toile de fond à un drame humain universel. Entre héritage familial, mémoire ouvrière et mystère, le duo a su allier leurs forces pour donner vie à un récit à la fois puissant et sensible. Nous avons rencontré ces deux créateurs pour revenir sur la genèse du projet et sur la complicité qui a nourri l’écriture de cette œuvre ambitieuse.

Comment est née l’idée d’Arcanes ?

Ben Dessy : C’est un mélange d’inspiration personnelle et de collaboration. J’avais commencé à travailler sur le projet en 2018, inspiré par mon histoire familiale liée à une usine sidérurgique en Belgique, dont la fermeture avait marqué ma ville et ma famille. Quand la RTBF a lancé un appel à projets pour un murder mystery, j’ai pensé que ce contexte serait parfait pour une série. Michèle est ensuite arrivée dans le projet et a contribué à lui donner toute sa dimension et ses couleurs.

Qu’est-ce qui était le plus difficile à transposer dans une fiction policière ?

Michèle Jacob : L’enquête n’était pas l’élément central. Le plus important, c’était de mettre les personnages au cœur de l’histoire. Nous voulions que leurs liens soient nuancés, précis, et que la série reste centrée sur les familles et leurs émotions, au-delà de l’aspect purement policier.

Raconter une histoire si intime vous a-t-il demandé une mise à nu artistique ?

Ben Dessy : Non, pas spécialement. Écrire avec Michèle a été une démarche généreuse. Nous partageons nos idées, nos rêves, nos cauchemars… Ce n’était pas douloureux, juste une mise à nu nécessaire pour construire la série.

Pourquoi mettre en lumière la fracture sociale des années 90 ?

Michèle Jacob : Parce que le conflit est à la base de toute histoire. Le clivage social entre bourgeois et ouvriers crée naturellement des tensions dramatiques. Mais au-delà de ces différences, les émotions vécues par les personnages – la disparition d’une fille, le deuil – résonnent de manière universelle.

Le projet vous a-t-il amenés à réfléchir au rôle d’enfant et de parent ?

Michèle Jacob : Oui, car c’est une question très générationnelle. Nos parents ne se sont pas forcément interrogés sur la possibilité d’être encore enfant tout en devenant parent. Dans notre génération, on réfléchit davantage à la façon d’éduquer et à l’importance de se mettre à la place de nos enfants.

Vos parcours différents se complètent-ils dans ce projet ?

Michèle Jacob : Tout à fait. Nous sommes complémentaires dans l’écriture, ce qui nous permet de travailler vite et efficacement, dans une vraie confiance mutuelle et sans problème d’ego. Avec son expérience, Ben nous aide à imaginer des scènes réalistes et réalisables économiquement, ce qui facilite le tournage.

Arcanes est-elle plutôt une enquête policière ou une enquête intime ?

Ben Dessy : C’est avant tout une enquête intime, centrée sur les personnages, et non sur nos propres passés. Travailler ensemble a toujours été une évidence : nous partageons la même vision globale de l’histoire, et nos discussions portent surtout sur des détails, sans jamais de désaccords majeurs.

Propos recueillis par Stéphanie