Artiste à la voix singulière et à l’énergie débordante, Lillie Raphaele s’impose depuis plusieurs années sur la scène indépendante avec un univers qui mêle pop-rock français, touches de folk et beaucoup d’humour. À la fois chanteuse, guitariste et batteuse – une véritable fée orchestre comme elle aime se définir – elle revient aujourd’hui après une pause de quelques années, plus déterminée que jamais. Rencontre avec une musicienne passionnée pour qui la scène est un lieu de liberté totale et de partage avec le public.

Comment décririez-vous votre univers musical en quelques mots ?
Ah, ça, c’est toujours la question la plus difficile pour moi, parce que c’est compliqué. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’invite toujours les gens à venir me voir en concert. Je dirais que c’est du pop-rock français. Jusqu’ici, ça me semble juste.
Mais ce n’est pas du rap, ni de l’électro, ni du R’n’B. Parfois, ça flirte avec un peu de folk. Et surtout, ce qui fait la différence, ce sont les thèmes abordés.
Chaque personne dans le public peut se reconnaître à un moment donné dans une chanson : certains seront touchés par des titres plus doux, qui parlent d’amour, d’autres par des morceaux plus engagés, comme Citoyens, que j’ai écrite il y a quelques années, et qui me tient énormément à cœur. J’aime aussi beaucoup utiliser l’humour, parfois sous forme de satires.
Donc je dirais qu’il y a un peu de tout… mais l’étiquette la plus juste reste pop-rock français avec nuances.
Quel a été votre premier contact avec la musique ?
Depuis toujours ! J’aime dire « depuis ma naissance », parce qu’apparemment, je suis née avec plein de cheveux, et mon oncle a rigolé en disant : elle, ce sera une fan des Cure, à cause de la coiffure de Robert Smith.
Mes parents m’ont beaucoup fait écouter de musique, et de tout : du rock anglais, américain, français… Les Cure, Pink Floyd, Led Zeppelin…
Et puis, un jour, je suis descendue à la cave avec mon papa et j’ai vu une batterie. J’avais trois ans. Ça m’a tout de suite attirée, et c’est devenu mon instrument de cœur, celui qui ne m’a jamais quittée. Plus tard, j’ai intégré différents groupes de rock en tant que batteuse. Et déjà toute petite, j’écrivais mes propres textes.
Quelle chanson pourrait être la bande-son de votre vie ?
Oh, j’adore cette question ! Je dirais Une drôle de vie de Véronique Sanson. C’est une chanson légère, pleine d’humour et de fraîcheur, et je trouve que ça me correspond bien. J’aime prendre les choses avec humour et légèreté, même quand elles sont sérieuses.

Comment naît une chanson chez vous : d’abord le texte, la mélodie, ou les deux ensemble ?
Ça dépend ! Parfois, c’est un texte qui jaillit d’un coup, parfois une mélodie à la guitare. La guitare, plus que le piano, est mon point de départ. J’aime dire que la musique est la gardienne de ma liberté : elle me permet de m’exprimer.
Je ne choisis pas vraiment ce qui sort de moi, ça vient comme ça.
Avez-vous un rituel particulier avant d’entrer sur scène ?
Oui : me concentrer. J’aime me mettre dans ma bulle, respirer, échauffer ma voix, et si je suis accompagnée d’un musicien, partager de bonnes vibrations avec lui. La scène, pour moi, c’est l’endroit où je ne doute jamais. Si nous, sur scène, on prend du plaisir, le public le ressent forcément.
Pouvez-vous nous parler de votre dernier projet ?
Mon projet musical depuis une dizaine d’années, c’est Lillie Raphaele. Je compose tout, et j’aime intégrer ma batterie dans mes prestations, même quand je chante et joue de la guitare. Je me définis un peu comme une fée orchestre (plutôt que comme Rémi Bricka, moins sexy !).
J’avais mis le projet sur pause pendant trois ans, mais depuis juillet, je suis remontée sur scène. J’ai prévu un passage en studio en octobre pour enregistrer de nouveaux titres. L’objectif est de relancer le projet à fond, et de viser des grandes scènes.
Quelles ont été vos plus belles expériences de concert ?
Il y en a deux types. D’abord, les grosses dates, comme la première partie de Zazie, de Typh Barrow, qui était incroyable. Le public ne venait pas pour moi, mais j’ai eu la chance de le conquérir. L’adrénaline était énorme, c’était magique.
Et puis, il y a les concerts plus intimes, où je vois vraiment les yeux du public. J’aime les faire participer, les faire chanter. Pour moi, c’est ça, les meilleurs moments.
Y a-t-il un artiste avec lequel vous aimeriez collaborer ?
Oui, Waxx, un guitariste multi-instrumentiste basé à Paris. Je le suis depuis longtemps, il est extrêmement créatif et talentueux. Il a une chaîne YouTube où il réinvente les tubes d’artistes connus avec eux. Travailler avec lui serait un vrai plaisir.
Qu’aimeriez-vous que votre public ressente en écoutant vos chansons ?
Simplement, l’émotion que je veux transmettre. Si c’est une chanson engagée, qu’ils se sentent concernés. Si c’est une chanson triste, qu’ils la ressentent aussi. J’ai déjà vu une personne pleurer en concert sur un de mes morceaux : pour moi, c’était gagné.
Un souvenir fort : un concert à Lille, dans un bar punk. J’avais peur que mon style ne passe pas.
Et finalement, pendant ma chanson Hot pour Gaïa (pour la planète), tous les punks, complètement bourrés, ont allumé des bougies… C’était magique.
Est-ce que les radios vous soutiennent suffisamment ?
Non, malheureusement. À part une radio locale, Centre FM, à La Louvière, très sympa, je n’ai pas beaucoup de relais. C’est le problème des artistes indépendants : la visibilité. Ce n’est pas les idées qui manquent, mais la diffusion reste très compliquée.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui rêve de devenir chanteur ou chanteuse ?
De foncer, mais surtout de travailler énormément. Les gens ne se rendent pas toujours compte de la quantité de travail que ça représente. Il faut pratiquer chaque jour son instrument ou sa voix.
Et surtout, rester humble. La musique, c’est du partage. Sans partage, il ne se passe rien.
https://www.instagram.com/lillieraphaele
Propos recueillis par Stéphanie
Photos : Lillie Raphaele