Léa François : « Etre Barbara, c’est comme ouvrir un cadeau chaque semaine !»

Comédienne incontournable de la télévision française, Léa François a grandi sous les projecteurs. Depuis ses débuts dans les années 90, elle a su séduire le public à travers une multitude de rôles, oscillant entre comédie, drame et policier. Mais c’est bien sûr son interprétation de Barbara Evenot dans Plus belle la vie qui l’a inscrite durablement dans le cœur des téléspectateurs.
Rencontre avec une artiste passionnée, sincère et pleine de fraîcheur. 

Vous avez commencé à jouer dès les années 90. Quels souvenirs gardez-vous de vos premiers tournages ?

Franchement, de très bons souvenirs ! C’était toujours trop bien. Je prenais ça comme un jeu quand j’étais enfant, je ne réalisais pas encore que c’était un vrai métier. Je faisais du piano, de la danse, des tournages… je voyais ça comme une activité.
C’est vraiment à l’âge de 12 ans, en tournant L’Instit, que j’ai eu un déclic : je me suis dit que je voulais devenir comédienne.

Et avec La Femme d’honneur ?

Pareil, un super tournage. À chaque fois je découvrais de nouveaux plateaux, de nouveaux partenaires… Mes parents m’accompagnaient encore à l’époque, mais déjà j’adorais tout : apprendre des textes, rencontrer des gens, écouter le réalisateur et essayer de retranscrire les émotions demandées. J’avais vraiment l’impression de comprendre les histoires et de vouloir bien les jouer.

Vous avez traversé plusieurs générations de fiction télévisée. Comment percevez-vous l’évolution de la télévision française en 30 ans ?

La télé a beaucoup évolué, surtout dans la façon de la consommer. Avant, chez moi, elle était allumée en permanence. Aujourd’hui, je la regarde différemment : je choisis un programme précis, souvent sur une plateforme ou en replay. On ne zappe plus au hasard comme avant. Mais il se tourne toujours plein de fictions, et je trouve ça super.

Vous êtes entrée dans l’histoire de la télévision avec Plus belle la vie. Quel a été votre plus grand défi dans cette aventure ?

Mon défi, c’est de rendre Barbara toujours intéressante malgré les années. Je l’adore, mais il faut éviter la facilité, chercher de nouvelles subtilités pour surprendre le public. Quand on a la chance de jouer un rôle sur le long terme, il faut savoir creuser et ne pas rester dans l’évidence.

Comment avez-vous géré la notoriété générée par la série ?

Plutôt bien. Au début, j’étais choquée ! Plus belle la vie faisait 6 millions de téléspectateurs chaque soir, et on était reconnus partout. Je n’avais pas mesuré l’ampleur. Ça a été soudain, pour moi et ma famille. J’ai choisi de garder de la fraîcheur : plutôt que d’anticiper, je préfère être surprise à chaque fois qu’on me reconnaît. Ça permet de toujours apprécier le contact avec le public.

Quels souvenirs marquants gardez-vous de vos tournages ?

Il y en a tellement ! Mes scènes avec Marwan et Michel restent inoubliables. Certaines intrigues aussi m’ont marquée, comme celles sur la grossesse, l’alcoolisme ou encore la parentalité solo. J’étais heureuse d’avoir l’opportunité d’aborder des sujets de société importants, avec la pression de les défendre au mieux, car beaucoup de spectateurs s’y reconnaissaient.

Après 15 ans dans le rôle de Barbara, comment gardez-vous la fraîcheur ?

Honnêtement, ce n’est pas difficile : je m’amuse ! Chaque semaine, je découvre mon scénario avec la même excitation. Et comme on alterne comédie, drame, intrigue policière… je n’ai jamais le temps de m’ennuyer. J’ai la chance d’avoir un rôle qui me permet de tout jouer.

Vous avez aussi participé à d’autres séries, comme Camping Paradis. Qu’est-ce que cela vous apporte d’arriver en invitée dans un univers déjà en place ?

J’adore ! Ça me rappelle l’importance de l’accueil. Quand je suis arrivée dans Plus belle la vie, j’ai eu la chance d’être bien reçue, et ça m’a mise en confiance. Depuis, j’essaie de faire pareil avec les nouveaux. La confiance, c’est essentiel pour jouer librement.

Vous alternez comédie, drame et policier. C’est un choix conscient ?

Oui, un peu. Au théâtre aussi : si je fais deux comédies d’affilée, je vais chercher ensuite un registre plus dramatique. J’aime varier, parce que je trouve mon compte dans tous les genres.

Parmi vos rôles hors Plus belle la vie, lequel vous a le plus marquée ?

Celui dans L’Instit. Ce n’était pas le plus grand projet, mais c’est là que tout a commencé pour moi. J’avais 12 ans, mes parents ne m’accompagnaient pas, j’ai découvert les coulisses, le réalisateur, la technique… Ça a été une révélation.

Vous avez tourné dans de nombreux unitaires policiers. Qu’aimez-vous dans cet univers ?

C’est arrivé plus récemment. Jouer une flic, par exemple, dans Donner les 200, a été un vrai défi. Chaque fois, c’est une nouvelle peau à endosser, et j’adore ça.

Et le cinéma ?

Le rythme est totalement différent, plus lent que la télé. C’est confortable, on a plus de temps et de moyens. Mais j’aime aussi la spontanéité que demande la télévision quotidienne. Ce sont deux exercices très complémentaires.

Vous faites aussi beaucoup de courts-métrages. Qu’est-ce qui vous attire dans ce format ?

Souvent, c’est l’occasion d’essayer des choses nouvelles : film de genre, rôle d’époque, premier rôle de flic… Et puis, on travaille avec de jeunes réalisateurs qui ont parfois des idées brillantes, même avec peu de moyens. C’est important de soutenir ça.

Au théâtre, vous êtes actuellement dans Si on en parlait. Qu’est-ce qui vous a séduite dans ce projet?

D’abord, c’est Astrid Veillon qui m’a proposé le rôle. On se connaît bien et j’aime beaucoup son travail. La pièce parle de féminité, de couple, d’amitié… et chaque spectateur peut s’identifier à l’un des personnages. C’est une pièce drôle, moderne, sans langue de bois, avec aussi des moments d’émotion. Sur scène, on passe du rire au silence total, et c’est très fort.

Quelle est pour vous la plus belle récompense après une représentation ?

Les confidences des spectateurs. Mais aussi l’ambiance de la salle : les rires, les silences, les émotions. On ressent tout immédiatement.

Vous parlez italien, anglais et espagnol. Seriez-vous prête à tourner à l’étranger ?

Oui, bien sûr ! Mon italien est très bon car mon père est italien, j’ai même une licence d’italien. J’ai un accent français, mais je me débrouille. En anglais et espagnol aussi. Si demain Xavier Dolan m’appelle, je dis oui direct !

Comment imaginez-vous l’évolution de votre carrière ?

Pour l’instant, je reste centrée sur la France et sur Plus belle la vie. Mais j’aimerais aussi me libérer un peu du théâtre dans les deux prochaines années pour avoir du temps pour d’autres projets audiovisuels.

Vos projets à venir ?

Je suis en tournée avec Si on en parlait jusqu’en décembre, peut-être bientôt à Paris. Et puis il y a l’intrigue actuelle de Plus belle la vie, qui sera très forte pour mon personnage. Bref, je suis bien occupée et j’en profite

Propos recueillis par Stéphanie

Photo : Michela Moutardier photography