Comédien incontournable depuis la fin des années 90, Julien Courbey a marqué toute une génération avec Le ciel, les oiseaux et… ta mère de Djamel Bensalah. Passé maître dans l’art de la comédie, il n’hésite pourtant pas à explorer des rôles plus sombres et exigeants, aussi bien au cinéma qu’à la télévision. Aujourd’hui, il se lance également derrière la caméra avec un court-métrage, preuve de son envie de renouveler sans cesse sa carrière.
Entre fous rires de tournage, souvenirs marquants et projets ambitieux, Julien Courbey nous a accordé un entretien sincère et passionné.

Vous avez souvent collaboré avec Djamel Bensalah. Qu’est-ce qui rend votre duo si spécial ?
C’est surtout lui qui m’a fait confiance dès le début. Mes premiers gros rôles au cinéma, c’est grâce à lui. Je lui dois beaucoup.
Parmi vos rôles, lequel vous a demandé le plus de préparation ?
Je dirais Orpailleur. Les conditions de tournage n’étaient pas faciles et le rôle demandait un vrai travail en amont. J’avais aussi beaucoup bossé pour Il était une fois dans l’Oued. Mais clairement, ces deux-là font partie de ceux où je me suis le plus investi.
Comment choisissez-vous vos projets ?
Le scénario, tout simplement. Si le texte me plaît, j’y vais. C’est vraiment la base, on ne va pas se mentir.
Avec Neuilly sa mère !, vous avez marqué une génération. Réalisez-vous à quel point ce film est devenu culte ?
Pas vraiment. Dans le premier, j’avais un tout petit rôle, un prof de gym. Dans le deuxième, j’ai eu un peu plus de place, mais je n’ai pas assez de recul pour mesurer tout ça.

Si vous pouviez reprendre un de vos personnages pour un spin-off, lequel choisiriez-vous ?
Tout le monde me dit Abdel Bachir de Il était une fois dans l’Ouest. Sinon, je pense à mon rôle dans Les Barons. Il y avait matière à faire quelque chose de drôle.
Vous passez de la comédie à des films plus engagés. Est-ce une volonté de varier les registres ?
Oui, pour moi c’est essentiel. Tout comédien rêve de jouer dans des registres différents : comédie, drame, film d’auteur, etc. Le problème, c’est qu’en France, on catalogue vite. Dès qu’un rôle marque, on est étiqueté. Mais j’aime varier.
Quel réalisateur ou réalisatrice rêveriez-vous d’avoir derrière la caméra ?
Il y en a beaucoup. En France, plusieurs noms me viennent. À l’étranger, j’adorerais travailler avec Park Chan-wook (Oldboy), Scorsese, ou encore Paul Thomas Anderson. Mais bon… il faudrait que je bosse mon anglais !
Vous avez tourné pour le cinéma comme pour la télévision. Quelles différences ressentez-vous ?
Aujourd’hui, il n’y en a plus vraiment. Avant, les acteurs de télé avaient du mal à passer au cinéma. Maintenant, ça circule dans les deux sens, et certaines séries sont même mieux écrites que des films. La seule différence, c’est peut-être la visibilité : la télé touche plus de monde.
Quel souvenir gardez-vous du tournage de La Crèche des hommes ?
Un super souvenir ! On tournait à Marseille avec Salim Kechiouche, c’était vraiment top.

Vous réalisez désormais. Pouvez-vous nous parler de votre court-métrage ?
Oui, il s’appelle RIP. C’est une comédie dramatique, un peu humour noir, sur l’euthanasie. Deux personnages de générations différentes veulent se faire euthanasier, mais le médecin n’a qu’une seule dose… Je n’en dis pas plus !
Et un long-métrage en vue ?
C’est l’idée, oui. Avec ma femme, qui est scénariste, on prépare des projets. Le prochain serait un western post-apocalyptique, mais je préfère rester discret pour l’instant.
Avec Le ciel, les oiseaux… et ta mère, vous avez marqué le cinéma français. Vous reconnaissez-vous encore dans ce Julien d’époque ?
J’ai évolué. Je suis fier de ce film, mais c’était une époque. Aujourd’hui, j’ai 50 ans, donc le regard n’est plus le même.
Avez-vous encore le trac avant un tournage ?
Toujours ! Le stress de bien faire est important, tant qu’il ne devient pas paralysant.
Avec quel acteur ou actrice aimeriez-vous tourner ?
Il y en a plein : Réda Kateb, Marion Cotillard, Benoît Magimel… qui est d’ailleurs un ami, mais avec qui je n’ai jamais vraiment joué.
Sur quel tournage avez-vous eu le plus de fous rires ?
Sur Le ciel, les oiseaux …et ta mère, avec Jamel Debbouze. On n’arrivait même pas à finir certaines scènes tellement on riait.
Si votre carrière était un plat, ce serait plutôt couscous royal ou pizza 4 saisons ?
Couscous royal, obligé !
On vous propose de jouer votre propre rôle dans un film sur votre carrière. Vous acceptez ?
Non. J’ai toujours un petit regret de ne pas avoir joué dans les films que j’aurais aimé voir en tant que spectateur. Mais je suis fier de ce que j’ai fait.
Quels sont vos projets à venir ?
Me consacrer à la réalisation. J’ai envie d’être davantage derrière la caméra. Et pourquoi pas présenter mon court-métrage en festival, en France comme en Belgique.
Propos recueillis par Stéphanie