Acteur passionné et touche-à-tout, Hugo Lebreton navigue avec aisance entre télévision, cinéma et théâtre. Du petit écran avec Léon Mattéi, aux longs-métrages comme Le Tigre et le Président ou encore La Tangente, jusqu’aux planches du Festival d’Avignon, il aime explorer des univers variés et relever de nouveaux défis. Rencontre avec un comédien curieux et engagé qui nous parle de son parcours, de ses rôles marquants et de ses projets à venir.

Vous avez joué dans des projets très différents, de Léon Mattéi à des longs-métrages comme Le Tigre et le Président. Comment passez-vous d’un univers télévisuel très cadré à un univers plus libre comme le cinéma ?
Ecoutez, c’est finalement la même façon d’aborder les choses, que ce soit un personnage à la télé ou au cinéma. La différence, c’est qu’en télévision, on a beaucoup moins de temps, moins de prises…
Donc il faut être plus efficace, plus concentré dès le départ. Mais, dans l’ensemble, l’approche du jeu reste la même.
Parmi vos rôles au cinéma (Madame Claude, Le Tigre et le Président, La Tangente…), lequel vous a le plus challengé ?
Très clairement, La Tangente. C’était mon premier rôle principal au cinéma, dans le film de David Ajar. J’y ai mis énormément d’investissement. Nous avons tourné presque six mois entre la Thaïlande et le Laos, avec une manière de travailler assez « pirate » : peu de moyens, beaucoup d’improvisation et une grande liberté. On allait de village en village et on adaptait les scènes selon les lieux et les rencontres. C’était une expérience incroyable.
Vous semblez aimer naviguer entre télévision, cinéma et plateformes. Est-ce qu’il existe encore une vraie frontière entre ces mondes ?
Non, je ne pense pas. Aujourd’hui, les comédiens passent facilement de l’un à l’autre. Cela dépend surtout des réseaux, des rencontres avec les directeurs de casting. Mais pour moi, il n’y a plus vraiment de frontière.

Préférez-vous être très dirigé par un réalisateur ou garder la liberté d’improviser ?
J’ai une tendance naturelle à improviser (il faut parfois me calmer !). L’idéal, c’est d’arriver préparé, avec beaucoup de propositions, et de travailler ensuite avec le réalisateur ou la réalisatrice pour trouver ensemble. Quand il y a cet appétit du jeu, c’est là que ça fonctionne le mieux.
Vous étiez récemment au Festival d’Avignon. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
C’était ma troisième participation. Le Festival d’Avignon, c’est un mois intense, parfois un peu effrayant, mais toujours un vrai bonheur. On y croise un public passionné, qui peut voir plusieurs spectacles par jour. C’est une bulle hors du temps dont on ressort épuisé mais heureux.
Vous est-il déjà arrivé d’avoir un trou de mémoire sur scène ou en tournage ?
Oh oui, bien sûr ! Souvent quand on est trop en confiance. Mais finalement, c’est aussi une manière de ramener du danger et du vivant sur le plateau. Tant que ça reste rare, ça peut même être stimulant.
Dans des pièces comme Femmes en colère ou Grande École, vous abordez des thématiques très fortes. Comment vous préparez-vous à ces univers intenses ?
L’essentiel est d’être dans la vérité. Pour Femmes en colère, adapté d’un roman de Mathieu Ménégaux, nous avons travaillé en nous renseignant sur des témoignages, en comprenant le rôle de chacun dans un procès. Pour une pièce sur la guerre d’Algérie, j’ai mené un vrai travail de recherche historique afin d’éviter tout anachronisme. Chaque projet impose sa méthode, mais toujours avec un maximum de sincérité.
Jouer Molière aujourd’hui, est-ce la même approche que pour le contemporain ?
Oui, c’est le même métier. Si Molière est encore joué, c’est parce que ses textes trouvent toujours un écho aujourd’hui. La seule différence est technique : la diction est plus exigeante. Mais dans le fond, l’approche reste la même.
Quel grand rôle classique rêveriez-vous d’incarner ?
Cyrano, évidemment.
Qu’est-ce qui vous fait dire “oui” à un projet ?
Quand on débute, il y a la nécessité de travailler, bien sûr. Mais idéalement, c’est l’écriture, le rôle proposé, et la rencontre avec l’équipe qui comptent. Après, parfois on accepte un projet pour des raisons très terre-à-terre, et finalement il peut s’avérer être une belle surprise.
Avez-vous un rituel avant de monter sur scène ?
Oui ! Je répète inlassablement les mêmes gestes, je mets mon costume toujours de la même façon… un peu comme un sportif avec ses chaussettes porte-bonheur.
Si vous n’étiez pas comédien, quel métier auriez-vous choisi ?
J’étais journaliste avant de devenir comédien. Je pourrais être journaliste ou architecte, deux métiers qui me passionnent.
Si vous pouviez dîner avec trois artistes, vivants ou disparus, qui inviteriez-vous ?
Brel, Scorsese… et Zidane !
Quels sont vos prochains projets ?
La pièce présentée cet été repartira en tournée avant, je l’espère, une reprise à Paris. J’ai aussi un projet en discussion avec un grand metteur en scène, mais je ne peux pas encore en dire plus. Et puis, toujours quelques projets audiovisuels en attente.
Propos recueillis par Stéphanie
Photos : Inda Lange, Alexis Stan
