Acteur-réalisateur et chanteur franco-américain, Gaël Zaks a navigué entre Hollywood et le cinéma français avec une passion intacte. Formé à New York, amoureux du septième art et désormais visage familier du petit écran, il partage ici son parcours, ses inspirations, ses expériences marquantes et sa vision du métier. Du cinéma indépendant aux séries populaires, en passant par la réalisation et la musique, il se livre avec sincérité et enthousiasme.

Pour commencer, comment te présenterais-tu à celles et ceux qui découvrent ton travail ?
Je suis acteur et chanteur franco-américain.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de devenir acteur ?
Je n’en ai pas la moindre idée précise. Tout a commencé aux États-Unis, quand j’étais enfant. J’allais très souvent au cinéma, même seul, pour voir des films du monde entier.
Et en regardant les acteurs à l’écran, j’ai senti mon cœur palpiter. Je me suis dit : “C’est ça que je veux faire.”
Pourquoi avoir choisi de te former à l’Actors Studio ?
Même si j’ai grandi sur la côte ouest, je voulais absolument être à New York. Et surtout, l’Actors Studio, c’est une école d’exception. C’est peut-être la meilleure du monde… en tout cas, c’était celle que je voulais intégrer.
Quel souvenir gardes-tu de tes premiers tournages aux États-Unis ?
Une excitation totale. J’avais vraiment l’impression de rêver.

Tu as travaillé avec des réalisateurs comme Woody Allen, Chris Columbus ou Irwin Winkler. Qu’as-tu appris à leurs côtés ?
Ce sont de grands noms. Mais je ne sais pas si j’étais en état d’apprendre à ce moment-là, parce que j’étais dans une surexcitation permanente. L’apprentissage est venu après.
Quelle différence as-tu remarquée entre tes premières expériences au cinéma et tes débuts à la télévision ?
Je n’ai pas eu de premiers rôles à la télévision américaine. Mes premiers rôles importants ont été en France. Mais pour ce qui est des premières fois où j’ai tourné à la télévision, la différence majeure, c’est qu’on tourne beaucoup plus vite et qu’on ressent davantage l’aspect divertissement.
Ton appartenance au Screen Actors Guild a-t-elle changé ta façon d’aborder le métier ?
Ça m’a surtout apporté énormément de plaisir et de reconnaissance. C’est un syndicat auquel seuls les acteurs qui tournent peuvent appartenir. Le sentiment d’appartenance est une joie immense.
Qu’est-ce qui t’a motivé à t’installer en France ?
Avec mon ex-copine, on allait souvent voir des films français dans un cinéma à New York. Des réalisateurs comme Patrice Chéreau ou Patrice Leconte m’ont profondément marqué. Je suis tombé amoureux du cinéma français et je me suis dit qu’il fallait que je traverse l’Atlantique et que j’essaie.
Comment s’est passée la transition entre productions américaines et françaises ?
Très bien. En arrivant en France, j’ai commencé à tourner assez rapidement. L’ambiance est la même, même si les films américains ont plus de budget et donc plus de monde sur le plateau. Mais un film reste un film.
As-tu senti une différence dans la direction d’acteurs entre les deux pays ?
Non. Ce n’est pas une question de pays, mais de personnes. Chaque réalisateur ou réalisatrice a sa propre approche, qu’il soit français ou américain.
Tu as tourné dans de nombreuses séries et téléfilms comme Largo Winch, Police District ou Profilage. Lequel t’a le plus marqué ?
Je dirais Doux Repos. Ce téléfilm m’a énormément demandé et j’en garde beaucoup d’honneur.
Selon toi, qu’est-ce qui caractérise la fiction télévisée française ?
C’est très varié. Un unitaire de France Télévisions n’a rien à voir avec une série Canal+. Donc c’est difficile de dégager un style unique, c’est ce qui rend cela si enrichissant.
Quels sont les défis spécifiques à la télévision par rapport au cinéma ?
On tourne et on s’investit dans les rôles beaucoup plus rapidement qu’au cinéma. Parfois, deux prises suffisent, alors qu’au cinéma on en ferait cinq ou plus.
Entre 2016 et 2022, tu as incarné Ben dans Scènes de ménages. Comment ce rôle est-il entré dans ta vie ?
C’est la production de Scènes de ménages qui m’a repéré. La chaîne a ensuite décidé de me faire revenir, avec celle qui joue ma femme.
Quelle évolution as-tu constatée chez ton personnage ?
Les personnages de la série sont assez stéréotypés, mais dans le bon sens. L’objectif reste de divertir et de faire rire, et ça n’a pas changé.
Cette notoriété télévisuelle a-t-elle influencé les autres rôles qu’on t’a proposés ?
Il faudrait demander à ceux qui me les ont proposés. Je ne sais pas.
Comment concilies-tu la régularité des tournages avec tes autres projets ?
J’écris, je réalise et je chante. Au début, c’était difficile, mais maintenant c’est devenu une habitude.
Tu es apparu dans Paris la Métisse, Journal IV , ou encore Madame Mills avec Sophie Marceau. Lequel a été le plus formateur ?
Madame Mills. Tourner avec une grande dame comme Sophie Marceau, et avec Pierre Richard, a été un moment très fort.
Comment choisis-tu un rôle au cinéma ?
Plusieurs choses comptent. D’abord le personnage lui-même, le scénario et le réalisateur ou la réalisatrice.
Y a-t-il une collaboration avec un réalisateur français qui t’a particulièrement marqué ?
Sophie Marceau fait partie de celles qui m’ont marqué, oui.
Tu préfères jouer face caméra plutôt qu’au théâtre ou à la radio ?
J’adore l’intimité du cinéma. Un battement de paupières, un regard, un silence peuvent tout dire. Au théâtre, c’est plus large, parce que ceux du dernier rang doivent aussi ressentir. Le cinéma permet cette intimité.
Ton expérience internationale influence-t-elle ta manière de jouer ?
Mon passage à l’Actors Studio et mes tournages aux États-Unis ont influencé mon approche, oui.
Comment décrirais-tu ta relation avec les réalisateurs sur un plateau ?
Ce n’est pas juste avec les réalisateurs : c’est toute l’équipe. On est tous là pour faire la même chose. C’est magnifique.
Qu’est-ce qui fait un bon rôle ou un bon scénario aujourd’hui ?
Je ne peux pas répondre. Chaque acteur a des désirs différents.
Y a-t-il un genre que tu aimerais explorer davantage ?
Le drame. C’est un registre exigeant et j aimerais faire des roles plus physiques.
Ton film Une douce jeunesse a été primé à l’international. Comment as-tu vécu ce premier passage derrière la caméra ?
C’était extraordinaire. Un pur moment de bonheur.
Qu’as-tu voulu transmettre à travers ce projet ?
Ce qui me plaît, ce sont les relations intergénérationnelles dans le but de toucher le public et les faire rire.
Ton long-métrage en développement, Madame Rosenblum, en quoi se distingue-t-il de tes précédents projets ?
Le rôle principal est une femme de 70 ans. L’idée est de montrer qu’on peut encore changer la vie des gens, et pour le meilleur, à n’importe quel âge.
Être acteur t’aide-t-il à diriger les comédiens quand tu réalises ?
Oui. En tant qu’acteur, je comprends mieux leurs réactions et leurs besoins. Ça me donne des outils.
Quel regard portes-tu sur l’évolution liée aux plateformes de streaming ?
Ça donne une chance à des styles de cinéma qui n’auraient peut-être pas existé autrement, et ça offre plus de diversité, donc tant mieux.
Le rythme des tournages télé est souvent plus intense que celui du cinéma. Le vis-tu différemment ?
Forcément. Il faut s’adapter, savoir qu’on aura moins de prises, et rester concentré immédiatement.
Y a-t-il un format ou une série dans laquelle tu aimerais jouer prochainement ?
Je n’y ai pas encore réfléchi. Je reste avant tout un amoureux du cinéma, même si j’adore les séries, particulièrement les séries Canal+.
Souhaiterais-tu réaliser pour la télévision ou les plateformes ?
Pour l’instant, non. Mais on ne sait jamais.
Quel type de rôle aimerais-tu explorer dans les années à venir ?
J’ai envie de dire, la porte est grande ouverte du moment que je vibre.
Te considères-tu comme un acteur franco-américain ou simplement un acteur d’aujourd’hui ?
C’est toujours difficile de se définir soi-même. Mais je crois que je suis intiment un acteur franco-américain influencé par les deux cultures.
Qu’aimerais-tu que les spectateurs retiennent de toi ?
Que j’ai donné le meilleur de moi même dans chacun de mes rôles.
Et la chanson ?
Mon premier album « I’m a guitar man » est sorti avec un label suédois Comedia.
Un dernier mot pour conclure cette interview ?
Merci. J’espère continuer à surprendre, à émouvoir, à raconter des histoires qui touchent les gens… et que le public continue à venir voir les films au cinéma, c’est magique !
Propos recueillis par Stéphanie
Photos : Sarah Robine