Colin Cressent : « Le petit devient le grand… et ça devient le Grand Bonhomme »

Nous l’avons rencontré au FIFF de Namur, où son court-métrage Grand Bonhomme était en compétition. L’occasion d’échanger sur l’origine du projet, les choix artistiques et les émotions qu’il a voulu transmettre à travers cette histoire touchante d’enfance et de séparation.

Comment est née l’idée de ce court-métrage ?

Ça remonte à environ sept ans. J’ai eu un rêve : un enfant dans le corps d’un adulte. Cela m’a amusé, alors j’ai commencé à écrire, à le faire bouger et parler… et cette version de scénario est née. En y repensant, je me suis rendu compte que l’histoire tournait autour du départ du père, moteur de cette transformation.

Le titre est intriguant. Qui est ce “Grand Bonhomme” ?

C’est un jeu d’inversion : le petit devient le grand, donc le Grand Bonhomme. L’idée est de montrer comment un enfant vit la séparation de ses parents et le départ de son père, et comment il transforme ce traumatisme pour aller de l’avant.

Qu’était le plus important pour vous : raconter une histoire, créer une ambiance, ou transmettre une émotion précise ?

C’était un peu tout à la fois. Je voulais raconter une histoire tout en explorant visuellement l’idée d’un adulte et d’un enfant dans le même corps. Cinématographiquement, c’était intrigant et stimulant.

Y a-t-il une scène que vous considérez comme le cœur du projet ?

Oui, le moment où le personnage jette ses jouets par la fenêtre. Pour un enfant, c’est un geste fort : c’est à la fois un rejet de l’enfance et le désir de passer à autre chose. C’est un symbole puissant de la fin de l’enfance.

Comment s’est déroulé le tournage ?

Le tournage s’est très bien passé, sur cinq jours. Le film se déroule principalement en huis clos, sauf une petite scène en forêt. La maison, presque comme un personnage, avait une importance capitale. La trouver n’a pas été facile, mais le choix final me satisfait pleinement.

Comment avez-vous condensé votre récit en 19 minutes ?

Avec beaucoup de travail et de patience. La première version du scénario était plus longue, avec des scènes supplémentaires. Ensuite, il a fallu resserrer l’histoire, éliminer le superflu et atteindre le cœur du récit. Faire un court-métrage, c’est aller droit à l’essentiel.

Quelles ont été vos influences pour nourrir le film ?

Il y a eu de nombreuses inspirations. Avec l’équipe, notamment la chef opératrice Anastasia Sarins, nous avons partagé images et références, sans viser un réalisateur précis. Nous voulions créer quelque chose de coloré, enfantin, avec l’effet d’un portrait de famille : des plans où les personnages apparaissent face caméra, comme dans un tableau familial.

Pourquoi avoir choisi le court-métrage à ce moment de votre parcours ?

Pour un jeune réalisateur, c’est un passage obligé. C’est un moyen d’expérimenter, de se former et de travailler la précision narrative. Le court-métrage est un excellent exercice de condensé et de maîtrise de l’histoire.

Voyez-vous Grand Bonhomme comme un pas vers le long métrage ?

Oui, mais pas avec cette histoire pour l’instant. Peut-être qu’un jour elle prendra cette forme, mais pour le moment, c’est surtout une expérience et un apprentissage pour mes futurs projets.

Que représente pour vous d’être en compétition au FIFF ?

C’est du bonheur et un soulagement. Faire un film, c’est avant tout le voir projeté et partagé avec le public. La première projection est toujours un moment spécial : entendre les réactions et échanger avec les spectateurs, c’est ce qui rend l’expérience complète.

Propos recueillis par Stéphanie

Photo : Médias tout azimut