Samir Guesmi : « Ce qui compte, c’est être embarqué par le film »

À l’occasion du Festival International du Film Francophone (FIFF), nous avons rencontré Samir Guesmi pour discuter de son dernier rôle. L’acteur et réalisateur revient sur son approche du jeu, sa rencontre avec le réalisateur Benoît Delépine, et ce qui l’attire dans un projet cinématographique. Entre humour, poésie et sensibilité, Samir nous offre un aperçu de son univers et de sa méthode.

Comment avez-vous rejoint l’aventure de Animal Totem présenté au FIFF ?

Comment je l’ai rejoint ? Assez simplement, en fait. J’avais rencontré Benoît Delépine, je ne sais pas s’il vous l’a raconté, quand j’avais présenté ma première réalisation, mon film Ibrahim, au festival d’Angoulême. Benoît Delépine et Gustave Kerven étaient présidents du jury et ils ont célébré le film. J’ai donc pu les rencontrer.

Quelques temps plus tard, Benoît Delépine m’a simplement appelé et m’a demandé si j’étais sportif, si j’excellais dans une discipline particulière. Je lui ai répondu que non. Puis il m’a expliqué que c’était pour un rôle qu’il écrivait pour moi dans son prochain film. J’ai lu le scénario et j’ai trouvé ça incroyable.

Qu’est-ce qui vous a touché dans le scénario au point de dire oui ?

ravailler avec Benoît Delépine, déjà. C’est quelqu’un dont j’apprécie énormément le travail, son univers, son côté un peu décalé, qui déplace les choses discrètement mais avec efficacité. Et puis, il y a beaucoup de poésie, de légèreté, comme des petites bulles dans lesquelles j’avais envie de m’immerger.

Vous avez une manière très subtile de jouer, entre émotion et retenue. Comment avez-vous abordé ce rôle en particulier ?

Merci, ça me fait plaisir. Pour ce rôle, le postulat de départ était simple : un type monotone, avec une valise à roulettes, habillé extrêmement élégamment, qui parle aux animaux. Il fallait juste être présent dans les situations, à l’écoute, et sentir l’œil de Benoît Delépine pour savoir si ça fonctionnait.

Chaque film est très particulier, et il n’y a pas de règle absolue pour entrer dans un personnage. Pour moi, tout commence par une disponibilité totale : être à l’écoute du réalisateur et de ce qu’il imagine. C’est un vrai rendez-vous entre lui et moi.

Préparez-vous beaucoup vos rôles en amont ou préférez-vous vous laisser surprendre par le tournage ?

J’aime bien travailler le texte avant. Quand j’étais plus jeune, je pensais que me laisser surprendre garantirait de la spontanéité, mais ça me rendait parfois fragile. Aujourd’hui, je me prépare, et j’adapte ma méthode selon le projet. Pour celui-ci, il fallait aussi que je me sensibilise à la cause écologique, même si je l’étais déjà.

Y a-t-il une scène du film qui a été particulièrement forte ou difficile à tourner pour vous ?

Difficile ? Pas vraiment. Il fallait surtout être avec les éléments. Pour être honnête, j’oublie vite ce qui a été difficile. Je n’ai pas de souvenir précis de scènes particulièrement compliquées.

Vous êtes à la fois comédien et réalisateur. Est-ce que cela change votre manière de jouer quand vous êtes dirigé par un auteur ?

Peut-être. Je pense que ça m’amène à aller à l’essentiel et à poser moins de questions, car un réalisateur doit déjà répondre à de nombreuses interrogations au quotidien.

Plutôt cinéma d’auteur, gros blockbuster ou comédie absurde avec des animaux comme voisin de Benoît Delépine ?

Tant que ce sont de bons films, je ne suis pas très regardant sur le genre. L’essentiel, c’est d’être embarqué dans le projet. Les étiquettes sont un peu réductrices. Qu’il s’agisse d’un film d’auteur, de genre ou d’un blockbuster, ça me va, tant que le film est honnête et réussi.

Propos recueillis par Stéphanie

Photo : Médias tout azimut