David Kammenos : « Victor Vidal me rappelle que rester humain est le plus grand défi !»

Dans Vidal, diffusé sur France 2 le 3 septembre, David Kammenos incarne Victor Vidal, un médecin brillant et excentrique, confronté à des énigmes médicales aussi complexes que les dilemmes de sa vie personnelle. Dans cette interview, l’acteur nous raconte ce qui l’a séduit dans ce rôle, la dualité entre passion professionnelle et vie familiale, et ce que le personnage lui a appris sur l’humanité et la médecine.

Victor Vidal est brillant, excentrique et confronté à des énigmes médicales. Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce rôle ?

Vous me dites qu’il est brillant ? Ça me plaît.

Qu’est-ce qui m’a plu dans ce rôle ? Plusieurs choses. C’est un médecin qui aime autant l’humain que la médecine. Il est très engagé dans le soin des gens. Il est mu par la recherche, par la créativité… tout ça l’excite énormément. Et en même temps, il n’oublie jamais l’humain derrière. Comme le font les très bons médecins. C’est ça qui m’a plu.

La série mélange affaires médicales insolites et mémoire familiale intense. Comment avez-vous trouvé le juste équilibre pour incarner cette dualité ?

C’est beaucoup une histoire d’écriture. L’écriture propose ce juste équilibre. Et puis, c’est un peu ce que je disais : comment fait-on quand on est passionné par quelque chose pour ne pas oublier les gens autour de soi ? C’est un enjeu pour Vidal avec sa famille : comment rester présent pour ses patients tout en étant présent pour les siens ? En termes de jeu, ce sont des cadeaux. Il y a plusieurs principes à appliquer.

L’arrivée de Haïssa dans le cabinet change complètement la dynamique. Comment décrivez-vous votre duo à l’écran ?

Je suis curieux de voir comment ce duo sera reçu. On propose deux personnages : Vidal est quelqu’un de posé, conscient de la vie et de l’être humain. Haïssa arrive dans une période où elle n’est pas pleinement consciente ni d’elle, ni des autres. Cette rencontre va permettre à chacun d’évoluer : elle va peut-être s’inspirer pour s’ouvrir, lui pour se cadrer un peu.

Y a-t-il une scène ou un épisode qui vous a particulièrement marqué par sa complexité ou son émotion ?

Oui, tout le temps, même si ce n’est pas toujours évident. On parle de souffrance, et c’est toujours touchant quand un acteur se met au service de ça. Il y a des moments très physiques, impressionnants, comme avec des patientes en crise. Ces tremblements, cette intensité… ça se transmet d’acteur à acteur. Il se passe toujours quelque chose.

Victor installe son cabinet au fond de son jardin. Quel rôle joue ce lieu atypique pour le personnage ?

Ça fonctionne avec son univers, ses fringues, son attitude. Il ne veut pas être dans les codes traditionnels. Il établit une relation horizontale avec ses patients. Le cabinet au fond du jardin reflète ça : pas de plaque dorée, pas de mallette, juste un lieu chaleureux avec des livres, un tourne-disque, un peu de bazar. C’est un cadre poétique où il peut chercher et être libre, bien plus qu’un hôpital ou un bureau.

Les scènes les plus émotionnelles, notamment sur sa famille, étaient-elles un défi à jouer ?

Non, le défi, c’est mon métier. Il y a du défi partout. Parfois, une petite séquence paraît insignifiante, mais chaque moment compte. Comme dans la vie, c’est la présence, le moment présent, qui importe. On ne hiérarchise pas trop les scènes, même si certaines demandent plus d’intensité.

Après avoir incarné Victor Vidal, comment percevez-vous le rôle des médecins dans la vraie vie ?

Je n’aurais pas la prétention de savoir ce qu’ils vivent. C’est un métier incroyable, proche de la conscience humaine. J’ai juste posé un regard sur ça. Peut-être ai-je mieux mesuré que la médecine peut aussi être créative, comme le biais de Vidal.

Si vous pouviez résoudre une énigme médicale dans la réalité, laquelle choisiriez-vous ?

La mort ! Quelle idée… Mais sinon, la souffrance. On veut aider les gens, et la souffrance n’est pas hiérarchisable. Mais la mort reste la réponse.

Votre filmographie est impressionnante : Répercussions, Les Tuche, Le Transporteur 3… Comment choisissez-vous vos rôles au cinéma ?

C’est un savant mélange entre l’écriture et le personnage. Je regarde ce que l’écriture m’inspire et ce que le projet me propose. J’ai la chance qu’on me propose beaucoup de choses, ce qui est merveilleux.

Y a-t-il un film qui a marqué votre carrière ou changé votre façon de travailler ?

Un court-métrage, Roberto le canari, que j’ai tourné avec Elodie Bouchez. Le projeter en salle m’a replongé dans l’émotion populaire du cinéma. Ce film reste pour moi un équilibre parfait entre distribution et projet, et une grande tendresse.

Avez-vous des anecdotes de tournages mémorables à partager ?

Les tournages sont pleins de petites anecdotes, mais je préfère garder certaines choses pour moi. En général, c’est un mélange de sérieux et de rigolade entre collègues.

Vous avez collaboré avec des réalisateurs très différents. Comment ces expériences vous ont-elles enrichi ?

Chaque réalisateur apporte son vécu, ses goûts, sa sensibilité. Changer de réalisateur, même sur la même histoire, nous déplace et nous ouvre à de nouvelles perspectives. C’est une source infinie de poésie et d’apprentissage.

Vous avez joué dans des séries comme Falco, Braquo, Tout cela je te le donnerai ou La Rebelle… Comment abordez-vous un rôle à la télévision ?

J’essaie de faire confiance à ma première intuition, à ce que j’ai ressenti en lisant le texte. Ensuite, je m’adapte aux décisions du réalisateur ou des scénaristes. Chaque personnage a un corps et une présence différents.

Quelle série vous a permis d’explorer une facette de votre jeu que vous n’aviez jamais expérimentée?

Récemment, Tout cela, je te le donnerai. Je ne savais pas exactement où j’allais et je devais chercher en direct. C’était un vrai travail sur l’émotion et la spontanéité.

Vous avez participé à de nombreux courts et moyens métrages. Qu’apportent ces formats à votre jeu?

Le court permet de travailler la morale des choses, le rapport au temps. Il faut créer quelque chose de large dans un temps restreint, souvent avec de la poésie ou de l’abstraction. Travailler avec de jeunes réalisateurs est aussi très stimulant.

Vous avez une belle expérience sur scène. Comment le théâtre complète-t-il votre travail à l’écran ?

Le théâtre, c’est la répétition. On refait la même chose tous les soirs, mais différemment. Le public change et influence la performance. C’est un exercice irremplaçable qui complète le travail à l’écran.

Et quel défi spécifique présente la scène par rapport justement au cinéma ou à la télévision ?

Sur scène, c’est particulier. On demande aux gens de venir, de veiller, de s’asseoir et de se taire. C’est fou quand on y pense : on élit cette attention.

C’est incroyable, surtout aujourd’hui, dans une société où tout le monde fait quinze choses en même temps. Au cinéma, les gens regardent parfois leur téléphone. Au théâtre, il y a ce côté sacré d’être avec les autres.

Du coup, c’est un vrai engagement. Le spectacle est live, et c’est le gros défi : devoir faire avec eux. Parfois, c’est merveilleux et ça nous porte. D’autres fois, c’est plus dur : il faut aller chercher la salle, les emmener avec nous. Chaque représentation change, et c’est ça qui rend le théâtre si vivant.

Pour terminer, quels sont vos projets ?

En ce moment, je travaille sur un solo de danse. On est en phase de recherche et de répétition, et j’aime beaucoup ce processus.

Je vais également tourner dans un film réalisé par deux réalisatrices belges. Le projet vient juste de se signer, donc je commence en septembre avec elles. Je suis très heureux que ce soit pour France Télévisions. Elles vont réaliser à tour de rôle, comme elles le font habituellement, et c’est super.

Ensuite, il y a Vidal. On verra si on développe une collection selon la réception du pilote. Pour l’instant, ce sont mes principaux projets.

Propos recueillis par Stéphanie

Photos : François Lefebvre-Hanoi Productions-Marlice Productions-France Télévisions